Peter Tabichi – Elu meilleur enseignant

Un professeur mis à l’honneur… ça doit se savoir !

Peter Tabichi reçoit son prixPeter Tabichi se souviendra toujours du dimanche 24 mars 2019 à Dubaï. C’est en effet ce jour-là dans la capitale des Émirats arabes unis que ce professeur kényan de mathématiques et de physique est entré dans l’histoire comme le tout le premier Africain, de surcroit frère franciscain, à décrocher le Prix mondial de l’enseignant 2019 de la Fondation Varkey.

Cette distinction est décernée chaque année par la Fondation Varkey pour valoriser ce métier très souvent relégué au second plan dans certains pays. Et Pierre Tabichi méritait de remporter cette cinquième édition du « Global Teacher Prize », tant il avait pris le dessus sur les dix finalistes choisis parmi les cinquante présélectionnés. Ces derniers ont été sélectionnés parmi les 10 000 candidatures venues de 179 pays.

Âgé de 36 ans, Peter Tabichi enseigne à l’école secondaire de Keriko dans le village de Pwani, dans une partie reculée de la vallée du Rift au Kenya. L’enseignant travaillait, auparavant, dans une institution mieux équipée et ultra-moderne. Un confort qu’il a quitté pour se rapprocher des plus démunis.

Les conditions d’apprentissage sont difficiles. Les salles de classe sont peu équipées, avec un seul ordinateur pour toute l’école ; la connexion internet est très mauvaise, et il n’y a en moyenne qu’un professeur pour 58 élèves. Plus de 90 % de ses élèves sont issus de familles pauvres et près du tiers sont orphelins ou ont un seul parent. La toxicomanie, les grossesses et l’abandon scolaire précoce, les mariages forcés sont courants dans cette région.

Les élèves doivent parcourir 7 kilomètres sur des routes qui peuvent devenir impraticables pendant la saison des pluies pour se rendre à l’école et la région peut être touchée par la sécheresse et la famine.

Une forte capacité de mobilisation face aux nombreux défis

Face à cette situation, Peter Tabichi décide d’agir. Il lance un club de développement de talents pour aider les élèves à concevoir des projets de recherche d’une telle qualité que 60 % d’entre eux sont maintenant admissibles aux concours nationaux. Plusieurs de ses étudiants ont même participé à des compétitions scientifiques internationales et l’un d’eux a remporté un prix de la Royal Society of Chemistry après avoir conçu un projet autour des plantes locales pour produire de l’électricité.

Il prend sur son temps libre pour donner des cours particuliers de maths et de sciences, le soir et le week-end. Il utilise le plus possible les technologies de l’information et de la communication pour intéresser les élèves. « Pour être un bon professeur, vous devez être créatif, utiliser la technologie », résume-t-il. « Il faut vraiment promouvoir ces façons modernes d’enseigner. Il faut parler moins et agir plus. »

Et cela fonctionne. Dans son école, les cas d’indiscipline passent de 30 à trois par semaine. En 2017, seuls 16 élèves sur 59 étaient allés au collège. En 2018, ils étaient 26. Résultat : le nombre d’inscriptions à l’école a doublé, passant à 400 en trois ans, et les résultats des filles en particulier ont été renforcés. « L’Afrique produira des scientifiques, des ingénieurs, des entrepreneurs dont les noms seront un jour célèbres dans le monde entier. Et les filles joueront un rôle important dans cette histoire », a déclaré le professeur kenyan en recevant son prix. « Je pense que la science et la technologie peuvent jouer un rôle de premier plan pour libérer le potentiel de l’Afrique. »

L’enseignant fait aussi son possible pour venir en aide aux familles de ses élèves. Il consacre 80 % de son salaire mensuel à aider les plus défavorisés : financer des projets locaux, développer de nouvelles formes d’agriculture pour lutter contre la famine, animer un « club de paix » pour aider les enfants de communautés rivales à s’entendre.

Le prix dédié aux élèves

Peter Tabichi avec un élèveLe lauréat a dédié son sacre à ses élèves. « Cela ne signifie peut-être pas grand-chose pour moi, mais pour mes élèves et les gens avec qui je travaille, je suis très sûr que cela va transformer leur vie en fonction des défis qui se posent à eux et à la société en générale. L’éducation est importante et tout le monde doit y avoir accès. Je suis ici uniquement grâce à ce qu’ont accompli mes élèves », a-t-il déclaré en recevant son prix. « Ce prix leur donne une chance. Il dit au monde qu’ils peuvent tout faire. »

Une abnégation qui lui a valu les éloges du président kényan. « Tabichi est un brillant exemple de ce que l’esprit humain peut accomplir. Pas seulement pour le Kenya, pas seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier. Vous me donnez la foi que les meilleurs jours de l’Afrique sont devant nous et que votre histoire éclairera le chemin pour toutes les générations futures », a déclaré Uhuru Kenyatta.

Dans un contexte où l’enseignement est réputé être l’un des métiers les plus ingrats, ce témoignage pet être une source d’inspiration pour chacun de nous. « J’espère que l’histoire de Peter encouragera les autres à intégrer la profession d’enseignant et mettra en lumière le travail réellement inspirant que les enseignants réalisent pour rendre l’avenir plus brillant qu’aujourd’hui », a déclaré Sunny Varkey, fondateur de la Fondation Varkey.

Sources

Le Point – Le Vif – France 24 – RTL France

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