Que sera ce Noël 2020 ?
Ce satané virus a volé des vies par milliers, d’hommes, de femmes, âgés ou plus jeunes. Il a brisé des familles, décimé des maisons de repos, contraint à des départs vers l’au-delà en solitaire. Il a cassé nos relations, nos amitiés, nos amours. Il ne respecte rien, fauche les humains, nous pousse à vivre cloîtrés. Il va aussi nous contraindre à réinventer la fête de Noël. Pourra-t-on se le souhaiter, joyeux, comme avant ? […]
Que sera ce Noël 2020 ? Il restera peut-être dans les mémoires comme celui que nous n’avons pas pu célébrer en famille agrandie, mais en famille stricte, décomposée. Mais il permettra peut-être aussi, qui sait, un retour aux vraies valeurs, à cet esprit de Noël, à une certaine conscience de la fragilité des choses, de la vie. Peut-être en reviendra-t-on à une forme de simplicité, loin de la débauche des cadeaux – même si s’en offrir, c’est quand même beau – à un Noël plus authentique. Avec à l’esprit, la conscience que la vie est précieuse, qu’un rien peut nous l’ôter. Que les autres sont le sel de notre vie. Que sans eux, nous perdons le goût de vivre. Que la vie est belle, quand même, pourvu qu’elle soit partagée.
Noël cette année, ce sera peut-être l’occasion de remettre un peu d’ordre dans les priorités. Placer l’être avant l’avoir. Les relations avant les réseaux, si peu sociaux. Il faudra s’en souvenir quand nous recouvrerons nos chères libertés. Espérons que ce ne soit pas à la Trinité…
D’après un édito de Francis Van de Woestyne
Publié dans la Libre, le 14-11-20 à 07h06
Noël devrait surtout être l’occasion de penser aux autres
Ils seront 15.000 de plus à devoir se serrer la ceinture, selon les chiffres tristement historiques de demande d’aide aux CPAS.
Chez nous, comme partout en Europe, la fête de Noël a pris des allures d’enjeu national. Certains promettent un élargissement de la bulle sociale, limitée actuellement à un seul contact rapproché en dehors des personnes de notre foyer. Avec des arguments du style : « On ne va quand même pas fêter Noël via Skype ! » Et pourquoi pas ? On l’a fait pour tellement d’anniversaires et ce sera encore le cas pour la Saint-Nicolas et Hanouka.
Bien sûr que réunir la famille au complet autour des bulles, des cadeaux au pied du sapin et la bûche, c’est du plaisir ainsi qu’un enjeu économique. Mais au regard de la situation sanitaire toujours inquiétante, faire monter la mayonnaise autour d’une fête, un seul jour qui pourrait tout chambouler dans notre lutte commune contre ce virus, c’est déraisonnable, déplacé.
Déplacé par rapport à tous ceux qui n’auront pas les moyens d’acheter bûche, champagne et foie gras. Ils seront 15.000 de plus à devoir se serrer la ceinture, selon les chiffres tristement historiques de demande d’aide aux CPAS que nous dévoilons. Ils seront deux fois plus à la fin de l’année 2021 selon les prévisions. Et on ne parle pas des 400.000 ménages qui ont eu recours à l’aide alimentaire, sans bûche, sans champagne, sans foie gras.
Les témoignages que nous rapportons de ces « nouveaux pauvres du covid » parmi qui on retrouve des artistes, des indépendants, des intérimaires, des étudiants, autant de gens qui n’auraient jamais pensé en arriver là, sont terribles. Cette maman d’un enfant sourd qui n’a « plus de gaz pour cuire le repas ». Cette caissière en arrêt maladie qui ne compte plus les paiements qu’elle n’a pas pu effectuer. Et cette dame qui résume dans la file d’une distribution de colis à Charleroi : « Ce n’est pas de la honte, c’est du désespoir. Je me sens abandonnée de tous, sauf de mon assistante sociale. »
Déplacée aussi, l’attitude de ceux qui s’inquiètent pour leur séjour au ski, au moment où les soignants épuisés poursuivent le combat dans nos hôpitaux. Combien de fois faudra-t-il redire, comme le Premier ministre et son ministre de la Santé l’ont fait ce week-end, que l’on n’est pas sorti d’affaire et qu’une troisième vague nous pend au nez si on se laisse aller ? Ce week-end, une personne mourait encore du coronavirus toutes les huit minutes en Belgique.
Il est humain de rêver d’un Noël ou d’un Nouvel An en famille ou entre amis. On en a besoin et cela symboliserait ce retour vers la « normalité » que l’on attend désespérément. Mais arrêtons de jouer les enfants capricieux et rappelons-nous que cette période devrait être celle de la solidarité. Cette année peut-être plus que jamais.
Par Maxime Biermé, Journaliste au service Politique – paru dans Le Soir le 23/11/2020 à 06:00
Un Padlet sur Noël
Pour découvrir des ressources qui peuvent nous inspirer à fêter Noël autrement en temps de pandémie :
Un padlet de la pastorale scolaire